Nouveau coup de gueule de Miss Vénère Despentes qui s’improvise, en toute modestie, critique littéraire, s’indigne au sujet du traitement de faveur qui serait accordé par les médias au livre de Marcela Iacub et ce au détriment de celui de la pauvre Tristane Banon. (Les deux ont eu la fructueuse lumineuse idée d’écrire sur DSK) puis termine sa virulente diatribe par une hargneuse conclusion où il est question de sexisme qui gangrène le milieu médiatique, de diktats patriarcaux et, bouquet final, d’une demi-menace à l’encontre des mecs qui risquent bien un jour de le payer très cher. DUR A AVALER. Ça la fout drôlement en rogne tout ça à la Ninie, et comme elle s’est un peu auto-proclamée porte-parole des opprimés, des minorités, des faibles et des victimes (des femmes donc), ni une, ni deux, elle s’en va le vociférer bien haut dans une belle (et payante) tribune parue dans le Monde des Livres. (oui, parce qu’il existe encore, malgré tout, quelques médias gentils, voyez-vous.)
Dois-je nous le rappeler, il y a quelques mois de ça, dans le tourbillon des débats provoqués par le mariage pour tous, Virginie Despentes était déjà montée au créneau en trucidant invectivant violemment Lionel Jospin qui avait eu l’outrecuidance de poliment donner son avis sur le sujet. Alors oui, les intentions de Virginie Despentes sont, certes, des plus louables mais quand comprendra t-elle que sa pute d’agressivité la dessert plus qu’autre chose ? Et grandement. On ne force pas à boire, en lui gueulant dessus, un âne qui n’a pas soif.
Voilà maintenant 20 ans que dure la crise d’adolescence de Virginie Despentes. Oui, 20 ans déjà depuis sa première et impétueuse injonction « Baise-moi ». Jeune punkette louvoyant entre hôpital psychiatrique, came et peep shows (c’est abondamment répété dans ses diverses biographies.) fille à la décadence bruyamment assumée, le phénomène était d’un genre tout neuf en ces débuts d’années 90 (Lolita Pille et ses copines pionçaient encore, innocemment, au fond de leur mignon petit berceau à cette époque) délicieusement subversif, il n’en fallut pas plus pour que le petit monde littéraire s’émoustille avec frénésie et que Despentes soit propulsée cheftaine de file d’une génération, classée d’office, paumée, chaotique et destroy. On ne s’embarrasse pas de détails pour fabriquer de la « légende » hein. A ce moment précis, Virginie, l’écorchée qui beugle en mini-jupe et collants déchirés, a encore pour elle le touchant prétexte de son jeune âge pour justifier ses maladresses.
Entre nous soit dit, même si j’en ai compris les douleurs, je n’ai cependant jamais su me laisser émouvoir par l’oeuvre de Despentes. Les cuisses ouvertes et le coeur à tout vent, Virginie braille sa souffrance. L’exhibition brutale de plaies sanguinolentes m’a toujours laissée de marbre et dans ma ‘tourmenture’adolescente, je me suis bien plus retrouvée dans les maux pudiques, les mots si justes de Carson McCullers, par exemple.
Mais comment négocier le délicat virage de la quarantaine, quand on a fait des affres de l’âge ingrat son fond de commerce ? Peut-on encore être crédible à 40 ans avec les mots de ses 20 ans ? Pas loin d’un demi siècle et toujours la révolte qui gronde au fond du ventre, Despentes n’en finit plus de cracher ses colères et me fait grésiller les nerfs. Non pas que ses causes me laissent indifférente mais cet étalage de mots crus et fonds de culottes m’insupporte au plus haut point. Elle a ouvert la brèche du verbe qui cingle comme un coup de fouet, de l’écriture qui mord comme un chien enragé. Brèche dans laquelle, une armada de meufs énervées s’est bien vite engouffrée, persuadée que ça serait la meilleure façon de faire entendre leurs revendications féministes et qui ne communique, aujourd’hui, quasiment plus que par ordres et aboiements agressifs. C’est plus l’égalité qu’elles réclament, c’est la guerre ! Chiennes soûlantes au franc-parler stérile.
« Baise-moi » m’avait laissée dubitative, « Les chiennes savantes » avait achevé d’endormir ma curiosité, il a fallu sa lettre ouverte adressée à Jospin pour que je relise Despentes, un bon paquet d’années plus tard. Narrativement, j’ai trouvé ce billet de qualité vraiment faiblarde, impulsivement puéril et même si nos convictions sont partagées, j’ai gardé en bouche un arrière petit goût de pathétique. Sa seconde récidive « Dur à avaler » n’est guère plus convaincante, toujours perdue entre vulgarité et méandres pubertaires, Despentes s’égare et finit par exaspérer.
Allez Virginie, baisse un peu le son et va ranger ta chambre !
@LilasGoldo